Le 3 avril, le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a fait paraître deux décrets donnant une base réglementaire à l’obligation de passer une certification internationale en anglais pour pouvoir obtenir un diplôme de premier cycle.
Textes publiés au Journal Officiel - arrêté du 6 décembre 2019 portant sur les licences professionnelles - arrêté du 3 avril 2020 portant sur les licences, les licences professionnelles et le DUT - arrêté du 5 avril 2020 rendant la certification obligatoire en BTS
Le bureau de l’AGES s’était déjà inquiété à plusieurs reprises de ce projet adossé à l’arrêté licence de 2018. L’association a également relayé plusieurs motions sur ce sujet sur son site et nous continuerons à recenser et publier les motions transmises par nos adhérent·e·s.
L’obligation de passer une certification externe (non-universitaire) pour obtenir une licence, un DUT ou un BTS pose en effet de nombreux problèmes de principes.
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Elle remet en cause la notion de diplôme universitaire en conditionnant la remise de celui-ci à un module externe.
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Elle institutionnalise une rupture d’égalité entre langues vivantes tout en plaçant l’enseignement universitaire de l’anglais en porte-à-faux puisque, appliquée à des cursus incluant déjà une formation en langue anglaise, elle dévalorise celle-ci en présupposant qu’elle aurait besoin d’être confirmée par une certification externe ; les autres langues vivantes, dont l’allemand, sont purement et simplement oblitérées.
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Elle est pensée depuis le départ en vue d’une certification bien précise, le TOEFL, opérée par un prestataire privé, relativement onéreuse et qui repose sur un modèle pédagogique, le test à score, qui est fortement décrié par de nombreuses et nombreux enseignant·e·s de langue.
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Enfin, alors que ces projets sont fortement critiqués depuis plus d’un an et que les textes ont été rejetés à une très large majorité par le CNESER, le ministère a choisi de publier ces décrets en plein confinement alors que les professionnels concernés sont accaparé·e·s par les impératifs de continuité de service.
Le bureau de l’AGES proteste contre cette décision et souhaite une suspension des initiatives de ce type, ne serait-ce que par conformité avec l’engagement de l’exécutif à « suspendre les réformes » le temps de combattre l’épidémie.
Il s’associe également aux motions de protestation déjà adoptées par d’autres sociétés savantes de langue comme l’Association Française des Etudes Américaines, la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur et le Groupe d’Etudes et de Recherches en Anglais de Spécialité.
*** Mises à jour: motions ***
[15 avril] L’Association des Professeurs de Langues Vivantes a produit deux textes en réaction à ces décrets:
Réaction de l’APLV au décret sur les certifications en anglais obligatoires pour l’obtention du BTS
– https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8085
Réaction de l’APLV au décret de la ministre de l’Enseignement Supérieur sur les certifications en anglais pour les étudiants de licence, licence professionnelle et DUT
– https://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article8086
Texte soumis à la CFVU de l’Université Sorbonne Nouvelle: Lettre et motion certification 2020
Communiqué du Réseau des Composantes de Langues: Communiqué du Réseau des Composantes de Langues sur l’arrêté du 3 avril 2020 relatif aux certifications
Le Cercle Européen Pierre Werner (Luxembourg) : a publié un communiqué de presse en langue allemande 200424 Communiqué de presse – langue allemande_de-1 et et en langue française 200424 Communiqué de presse – Allemand
Site internet: www.cepw.eu
Lire aussi l’article du “Quotidien” au Luxembourg