Annika Haß (Paris/Francfort)/Céline Trautmann-Waller (Paris)
avec le concours d’Amandine Meunier et Esther van Dooren
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monde-en-miniature@sorbonne-nouvelle.fr
Présentation
Ces journées invitent à étudier comment des expositions ont cherché depuis le XIXe siècle à répondre au défi d’une représentation et d’une mise en ordre du monde dans un seul lieu, dans un temps déterminé et avec un choix limité d’objets, tout en prêtant attention également à la sélection des artefacts, à leur disposition ou mise en scène et au jeu d’alternance entre diverses médialités (objets, textes, images). Situé au croisement de plusieurs champs disciplinaires (histoire culturelle, histoire des arts et des techniques, histoire économique, sociologie des médias et des publics), elles visent à construire un espace de recherche et de formation rassemblant théoriciens, historiens et praticiens de l’exposition. L’accent sera mis sur l’espace franco-germanique avec des regards sur d’autres espaces comme l’Italie ou l’espace anglophone.
Nous nous poserons notamment les questions suivantes :
- Tandis que les cabinets de curiosités avaient le statut de collections privées et servaient la représentation de rois ou de princes, les musées et les expositions modernes sont associées aux notions de culture et d’éducation, à l’idée d’une sphère publique, tout en étant liées également à des enjeux politiques, économiques et commerciaux. Comment ces niveaux interagissent-ils ?
- Les expositions sont nées en tant que pratique culturelle dans l’espace européen. Dans quelle mesure cette pratique culturelle a-t-elle été exportée dans d’autres parties du monde ? Est-ce que ce transfert a été couronné de succès ?
- Si la part du divertissement dans les expositions est évidente, que dire de leur dimension pédagogique et didactique, du rôle qu’ont joué pour leur conception de nouvelles sciences, qu’il s’agisse des sciences humaines (par exemple l’ethnologie, la psychologie ou l’histoire de l’art) ou des sciences exactes, et, inversement, du rôle des expositions pour ces sciences ?
- Quelles différences entre expositions universelles, expositions de l’industrie, expositions artistiques, salons, expositions permanentes et expositions itinérantes (Wanderausstellungen) ? Quelles interactions entre ces différents types d’expositions ? Comment s’explique l’affluence des grandes expositions aujourd’hui ? Est-ce que les nouvelles formes comme le virtuel et l’immersif entraînent un détournement de la forme traditionnelle de l’exposition ou est-ce qu’elles la complètent ?
- Si certaines expositions sont explicitement consacrées à un aspect ou à une branche de l’activité humaine (par ex. les expositions de l’industrie ou les expositions dites coloniales), d’autres comme les expositions universelles revendiquent expressément la présentation du monde dans sa totalité. Comment cela est-il possible à partir d’un seul lieu et d’enjeux locaux ?
- Dans quelle mesure les expositions rebattent-elles les cartes de collections existantes, en proposant de nouveaux liens, de nouvelles connexions pour rendre compte d’un ordre du monde? Quelle différence y a-t-il entre exposer des objets et exposer des images (dessins, tableaux, photos, vidéos) ? Y a-t-il redoublement du cadrage et de la médiatisation ?
- Comment les villes exposantes se représentent-elles elles-mêmes dans leurs expositions ? Quel rôle ont joué les expositions universelles pour la représentation et l’imaginaire de la grande ville, de la métropole et de la globalité ?
- Comment des expositions ont-elles marqué concrètement et durablement la topographie des villes, influencé l’urbanisme ? Quel est l’impact des expositions sur l’auto-perception des habitants et que se passe-t-il lorsqu’une exposition régulière fait quasiment partie intégrante de l’image d’une ville, comme par exemple la documenta à Kassel ?
- Quels sont les acteurs investis dans les expositions ? Quel est le rôle dévolu aux organisateurs, exposants, curateurs, visiteurs et comment interagissent-ils ?
- Comment le métier de curateur se transforme-t-il, du XIXe siècle à aujourd’hui, dans une perspective transnationale européenne ? De nouveaux métiers associés aux expositions naissent-ils ?
- Qu’est-ce qu’une scénographie d’exposition ? Quel est le rôle de tous les documents qui accompagnent et entourent les expositions : affiches, programmes, invitations, flyers, catalogues ?
- Qu’apporte la mémoire des expositions passées ? Que se passe-t-il lorsqu’elles sont reconstituées : en ligne, sous forme de collections de documents, ou même en 3D ?