Archives par mot-clé : sensorialité

Séminaire « Sixième sens et quatrième dimension : sensorialités, arts et esthétiques » Année 2022/2023 – Par-delà l’oculocentrisme : relations entre les sens et synesthésies

Présentation du séminaire

 Les arts contemporains expérimentent de nouvelles associations et hiérarchies entre les cinq sens (l’odorat par exemple acquiert un nouveau statut), créent des synesthésies, reconfigurent et redéfinissent la relation de l’œuvre à l’espace et au temps. Que ce soit dans le cadre de scénographies muséales, d’expositions ou de représentations théâtrales, les performances et les dispositifs immersifs ou participatifs vont de pair avec une implication corporelle et perceptuelle du spectateur : celui-ci ne se tient plus dans une contemplation distanciée mais se trouve environné par l’œuvre, dont il fait l’expérience de manière en apparence immédiate. Pour l’esthétique, longtemps conçue comme une théorie du jugement, il s’agit dès lors de sortir du paradigme de la réception et de penser à nouveaux frais une agentivité des œuvres d’art, que ce soit autour de la matérialité, ou de la « Bildwissenschaft » (science de l’image), qui a connu un fort impact en Allemagne, ou encore par le biais de notions comme l’atmosphère, la présence, la soma-esthétique, voire à travers certaines réflexions actuelles sur la contemplation comme un regard articulant voir et savoir entre art et religion.

Le rôle de la sensorialité et du corps humain dans les arts et l’esthétique invite à considérer des territoires autres, une sorte de « quatrième dimension » et/ou de « sixième sens ». Ceci devient possible notamment grâce à une mise en perspective historique en remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique allemande dans l’Aestheticad’Alexander Gottlieb Baumgarten en 1750/58. Ce paradigme esthétique a été souvent occulté dans les récits de la fondation de cette discipline qui n’y voyaient qu’une préfiguration imparfaite de l’esthétique kantienne. Or, le retour à ses origines historiques montre que, depuis le début, l’enjeu est double : il s’agit de réinventer l’art, mais aussi la sensibilité, et donc l’homme entier.

            Spécialistes de l’histoire de l’esthétique, de la science de l’art et de l’anthropologie, du théâtre et des études visuelles, des questions religieuses dans l’aire germanophone, nous proposons donc dans ce séminaire, d’une part, de réinterpréter la tradition esthétique allemande afin de mettre en évidence les articulations qu’elle convoque entre corps, matières et médias, et, d’autre part, d’historiciser de la sorte les évolutions contemporaines, tout en explorant et en analysant ces dernières. Notre séminaire souhaite par conséquent s’ouvrir à d’autres espaces, arts et esthétiques, tout en s’ancrant dans l’aire culturelle germanophone, étant donné l’importance historique de la pensée esthétique allemande.

Des chercheurs et éventuellement des artistes de différentes disciplines et de divers horizons interviendront dans le cadre des six séances prévues pour 2022-2023 (à chaque fois le vendredi de 14H à 16H). Chaque séance se déroulera en deux temps : lors de la première partie, l’invité (voire deux invités) présentera ses recherches en cours ou bien un ouvrage déjà publié ou encore un extrait de texte théorique/un extrait d’œuvre (précédemment communiqué à l’ensemble des participants du séminaire) ; une discussion commune s’ensuivra lors de la deuxième partie de la séance.

En 2022-2023, le séminaire se penchera plus particulièrement sur les relations entre les sens (voire les synesthésies) qui seraient susceptibles d’interroger le primat de la vue, dont on a coutume de dire qu’il caractérise la culture occidentale. Ces questions présentes depuis la conception du séminaire en 2019 ont connu un regain d’actualité depuis lors. Le paradigme immersif poursuit sa progression – à des fins esthétiques et/ou commerciales – tant dans les pratiques artistiques, muséales et/ou pédagogiques que dans les discours liés au tourisme. A la suite de la pandémie du Covid-19, l’importance de l’odorat et du goût (auxquels le virus peut porter atteinte) ou du toucher (mis à mal par les restrictions sanitaires) a été réaffirmée. Nous nous proposons par conséquent d’examiner au sein des pratiques artistiques et/ou de leur théorisation dans le cadre de l’aire germanophone, ainsi que d’un point de vue historique, le rôle joué par d’autres sens que la vue, la remise en question de l’oculocentrisme et les liens particuliers entre les cinq sens qui découlent de cette dernière.

Programme des séances du séminaire en 2022-2023 :

Vendredi 25 novembre 2022 (14H-16H) : « Associations sensorielles, synesthésie, immersion – Au sujet de la représentation linguistique de l’expérience sensible » – Intervenante : Anne Larrory (Université Sorbonne Nouvelle) Lieu : Salle C403 sur le Campus Nation de l’Université Sorbonne Nouvelle (8 avenue de Saint-Mandé, 75012 Paris)

Vendredi 20 janvier 2023 (14H-16H) : « Le système esthésiologique des arts : un moment dans la pensée esthétique de Johann Gottfried Herder » – Intervenante : Clémence Couturier (Université de Picardie) Lieu : Salle 005 à la Maison de la recherche de l’Université Paris 8.

Vendredi 17 février 2023 (14H-16H): « Mimétisme et mimesis. Le réflexe corporel dans les théories esthétiques d’Aby Warburg, Walter Benjamin et Theodor W. Adorno » – Intervenante : Léa Barbisan (Sorbonne Université) Lieu : Salle Mezzanine à la Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle

Vendredi 17 mars 2023 (14H-16H): « Kunst atmen. Künstlerisch-politische Strategien zur Aktivierung des Geruchssinns » – Intervenante: Dorothee King (Fachhochschule Nordwestschweiz) Lieu: Salle 005 à la Maison de la Recherche de l’Université Paris 8

Vendredi 14 avril 2023 (14H-16H) : « ‘Avant que mon esprit ne se rendorme dans ce corps’. Synesthésie et sixième sens dans la conception des arts du romantisme allemand » – Intervenante : Julie Ramos (Université de Strasbourg) Lieu : Université Paris Nanterre, Bâtiment Max Weber, salle de séminaire 1 (rdc)

Vendredi 12 mai 2023 (14H-17H) : « L’accès au divin par les sens dans la théologie à l’époque de la Réforme » / « L’iconoclasme en question en Allemagne à l’époque de la Réforme » – Intervenant/ Intervenante : Hubert Guicharrousse (Université de Paris Nanterre) / Catherine Dejeumont (Université de Paris Nanterre) Lieu : Université Paris Nanterre, Bâtiment Max Weber, salle de séminaire 2 (rdc)

Organisatrices du séminaire : Florence Baillet (Université Sorbonne Nouvelle), Sylvie Le Grand-Ticchi (Université Paris Nanterre), Marie-Ange Maillet (Université Paris 8).

Contacts : florence.baillet@sorbonne-nouvelle, sylvielegrandticchi@wanadoo.fr, marieange.maillet@gmail.com

CfP – journées doctorants/jeunes chercheurs / Le(s) Sens: regards pluridisciplinaires sur la sensorialité_MSH Dijon_Délai 31 mai 2019

Le(s) Sens: regards pluridisciplinaires sur la sensorialité

 

Journée d’étude jeunes chercheurs

8 Novembre 2019

Maison des Sciences de l’Homme, Dijon

Appel à contributions

TIL – Texte Image Langage – EA 4182 / École Doctorale LECLA

 

Le sens et les sens ont toujours été intrinsèquement liés. Depuis l’Antiquité, les philosophes s’interrogent sur la nature de la connaissance et sur le rôle que jouent les sens dans sa constitution. Si la linguistique accorde depuis longtemps une place importante à l’étude des liens entre sens (linguistique) et sensorialité, les sens et les sensations, plus particulièrement l’odorat, le goût et le toucher, ont souvent été négligés dans l’étude des arts et des textes littéraires. Néanmoins, dans ces domaines, on peut également constater, depuis quelques années, un regain d’intérêt pour les relations entre cognition, connaissance, sens et sensations. En atteste la parution en 2015 de l’ouvrage collectif dirigé par Adinel Bruzan, Perception, entre cognition et esthétique qui étudie les liens entre les arts, la connaissance et les sens, ou encore celle, en 2018, de l’ouvrage Sensory Perceptions in Language, Embodiment and Epistemology, dirigé par Annalisa Biacchi, qui s’intéresse aux relations entre les neurosciences, la linguistique, les arts et les sensations.

Cette journée d’étude s’inscrit dans cette logique de recherche pluridisciplinaire sur les sens et le sens et propose d’explorer la sollicitation des sens en histoire, en civilisation, en philosophie, dans les arts, en littérature ou encore en linguistique et traduction.

 

Des approches variées sont encouragées, qu’elles se concentrent sur la sensorialité en général, sur les cinq sens considérés dans leur ensemble ou qu’elles s’intéressent à l’utilisation particulière d’un seul domaine sensoriel. Les approches clarifiant les relations entre sensations, signification et connaissance ou étudiant l’impact des sensations sur la construction du sens linguistique et de la culture sont favorisées. Les participants sont invités à réfléchir, entre autres, aux thématiques proposées ci-après, mais toutes autres propositions autour du thème du/des sens sont les bienvenues.

 

Thématique 1 : Histoire et civilisation

  • Comment approcher l’étude des cinq sens sous un angle historique, les perceptions sensorielles étant par nature éphémères ?
  • La représentation et l’utilisation des sens change-t-elle et prend-elle un sens/une signification différente selon les cultures et les pays ?
  • Comment le sens et la sensorialité influencent-ils l’histoire des idées ?

 

Thématique 2 : Art, littérature et philosophie

  • Comment la littérature et les arts utilisent-ils le(s) sens et les sensations ?
  • Quelles sont les relations entre perception et cognition en philosophie ?
  • Les cinq sens peuvent-ils vraiment s’exprimer dans l’espace du texte ou de l’œuvre d’art ?
  • Comment l’utilisation des sensations en art et en littérature influence-t-elle la réception de l’œuvre d’art ou du texte littéraire ?

 

Thématique 3 : Linguistique, analyse du discours et traduction

  • Quelle est la relation entre sens linguistique et sensorialité ?
  • Comment les sens/la sensorialité sont-ils construits à travers et utilisés dans les discours spécialisé/publicitaire/scientifique etc. ?
  • Comment traduire les discours sensoriels d’une langue à une autre ?

 

Les propositions de 300 mots maximum (hors bibliographie) sont à envoyer jusqu’au 31 mai 2019 à laure-helene.anthony-gerroldt@u-bourgogne.fr et varga@uni-mainz.de  pour des communications de 20 minutes suivies de 10 minutes de discussions et questions.

 

Les communications se feront prioritairement en français, mais les interventions en anglais, allemand, espagnol et italien seront également acceptées.

 

Une sélection des contributions sera publiée dans un numéro thématique de la revue Textes & Contextes.

Appel en pdf ici.CfP_Sens et sensorialité