Tous les articles par Laurent Dedryvere

Parution: Ferenc Kazinczy, “Journal de ma captivité”, (trad. Laurent Dedryvère), Paris, Petra, 2024

Traduction du hongrois, de l’allemand et du latin, introduction et notes par Laurent Dedryvère – traduction relue par Ildikó Lőrinszky.

290 pages, 21 €

ISBN: 978-2-84743-340-1

Dans ce récit posthume mis en forme à la fin des années 1820, Ferenc Kazinczy (1759-1831), auteur majeur des lettres hongroises, relate sa condamnation pour haute trahison et ses longues années de détention en raison de ses sympathies “jacobines” supposées. Entre décembre 1794 et juin 1801, ses errances le conduisent de prison en prison, de la Hongrie au Tyrol en passant par la Moravie, avant de le ramener dans son pays natal.

Par rapport aux autres ouvrages autobiographiques de l’auteur, le Journal de ma captivité se distingue par une grande liberté de ton : Kazinczy y exprime sans détours ses opinions sur ses camarades d’infortune et ne passe pas sous silence les épisodes ridicules ou scabreux.

En raison de sa portée subversive, le texte a d’abord circulé sous le manteau au sein de la noblesse hostile aux Habsbourg, avant d’être publié pour la première fois pendant la révolution et la guerre d’indépendance de 1848. Depuis, chaque période historique redécouvre le Journal en portant sur lui un éclairage différent.

À la fois document historique unique en son genre et chef-d’oeuvre de la littérature carcérale, le texte offre une série de portraits hauts en couleur et fournit des renseignements précieux, tant sur l’atmosphère intellectuelle qui régnait dans la monarchie des Habsbourg pendant les guerres contre la France révolutionnaire que sur les conditions de détention alors imposées aux prisonniers politiques.

 

Sommaire:

Introduction
Laurent Dedryvère
Le Journal 
comme source historique et comme oeuvre littéraire
La conjuration des “jacobins hongrois” ou l’opposition à l’absolutisme (1794)
Les années 1820
Défense et illustration de la langue hongroise
Postérité du texte

Note sur la traduction
Laurent Dedryvère

JOURNAL DE MA CAPTIVITÉ

Annexes
Références bibliographiques
Index des principaux personnages mentionnés dans le Journal de ma captivité

Cartes
1. Itinéraire de Kazinczy (déc. 1794-juin 1801)
2. Itinéraire de Regmec à Buda (déc. 1794)
3. Itinéraire de Buda à Brünn (sept. 1795-janv. 1796)
4. Itinéraire de Brünn à Kufstein (juin-juillet 1799)
5. Itinéraire de Kufstein à Munkács (juin 1800-juin 1801)
Note sur les cartes

Colloque – Université de Lorraine-Metz “Réinvestir les romantismes dans la création contemporaine”, 15-17 octobre 2025

Colloque – Université de Lorraine-Metz Réinvestir les romantismes dans la création contemporaine Date 15-17 octobre 2025

Weh! Weh!
Du hast sie zerstört,
Die schöne Welt,
Mit mächtiger Faust;
Sie stürzt, sie zerfällt!
Ein Halbgott hat sie zerschlagen! […]
Mächtiger
Der Erdensöhne,
Prächtiger
Baue sie wieder,
In deinem Busen baue sie auf!

Hélas, hélas !
Vois, le beau monde,
Ta main puissante
L’a mis à bas;
Tu l’as détruit,
Il croule, il tombe,
Terrassé par un demi-dieu. […] O toi, le plus puissant
Des enfants de la terre, Eblouissant
Refais-le, pierre à pierre. Reconstruis-le
Dans ta poitrine.

Qu’elles soient diaboliques ou intérieures, ces voix qui s’expriment dans le Faust I mettent en avant l’enlaidissement et la destruction de l’Univers par la main de l’Homme. C’est de ce constat nihiliste avant la lettre que le romantisme va se nourrir pour tâcher de reconstruire l’identité d’un monde anéanti par l’hybris et la violence humaines. Comme l’écrit Jacques Darras, « le romantisme fut encore plus faustien dans son projet. Il posait l’ouverture au départ. Il multiplia l’ouverture dans le fragment, disant bien avant T.S. Eliot : “Dans ma fin est mon commencement” » (Nous sommes tous des romantiques allemands, 2002).

Assimilé à une période de l’histoire européenne et/ou à un mouvement littéraire et artistique, le romantisme échappe à une prise théorique d’ensemble. Les affirmations romantiques, œuvres et comportements produits et exprimés aux quatre coins de l’Europe au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, divergent, se contredisent parfois. C’est pourquoi il serait vain de vouloir déceler une unité au romantisme et de chercher à procéder à sa périodisation. Émergence d’un nouveau regard porté sur le monde, il s’impose, en effet, par son refus de toute catégorisation. Si Albert Béguin écrit que « l’attitude romantique fut celle d’une époque déterminée […] », il ajoute aussi qu’« elle s’apparente en même temps, par ses croyances essentielles, à certaines attitudes que l’esprit humain peut reprendre d’âge en âge […]. Aucune définition, semble-t-il, ne peut saisir vraiment cette essence du romantisme, qui est de l’ordre de la qualité sensible et de l’affirmation vitale, non point de l’intelligence seule. […] Peut-être n’y peut-on parvenir que par une série d’approximations successives et par l’évocation des mythes favoris qui furent ceux du romantisme ». (L’âme romantique et le rêve, p. 395-396).

La présente manifestation s’inscrit dans la continuité du workshop (22 mars 2024, Metz) qui avait réuni des doctorants venus des Études germaniques, des Arts et des Lettres.

En accord avec ce qui vient d’être présenté, le romantisme n’a pas été abordé en premier lieu comme un courant figé dans le temps, mais bien comme une toile de fond propice à réappropriation(s) et réactualisation(s), comme le point de départ vers d’autres formes et d’autres époques. Toutefois, pour pouvoir l’inscrire dans ce processus de recréation, il est indispensable de questionner, du point de vue d’aujourd’hui, ce qui le constitue et le distingue.

Nous partageons cette vision d’une non-détermination du mouvement qui semble se confirmer tout concrètement dans l’intermédialité et la transmédialité du romantisme : il ne se limite en effet à aucun genre, mais implique tous les arts. Encore engendre-t-il des œuvres qui dépassent elles-mêmes la classification traditionnelle des arts (calquée, dans le contexte francophone, sur le modèle des muses antiques) et interrogent les frontières : œuvres d’art hybrides, voire « totales », qui permettent de faire aisément le lien avec les arts du XXe et XXIe siècles. À cela s’ajoute la place du spectateur, prise en compte dans la conception romantique de l’œuvre, qui est pensée dans son rapport au monde et à la sensibilité de celui qui l’éprouve. Le romantisme devient ainsi un espace esthétique en soi : à la fois l’objet de l’œuvre, le modèle et l’outil, une attitude contemplative, une spiritualité et/ou une religiosité visant à montrer le passé ou à s’en saisir afin de le détourner ou de le contrarier. L’œil visionnaire du créateur – ou, pour reprendre l’expression rimbaldienne, le poète comme voyant – puise dans le romantisme l’effet kaléidoscopique mystificateur des jeux d’ombres et de lumières propices au surnaturel, à l’étrangeté, à l’hybridité, au grotesque satirique et/ou fantastique. Cet ensemble implique un jeu sur les corps, les contours et les apparences.

À travers tous ces aspects, le romantisme ne saurait donc être compris qu’au sein d’une pluralité sémantique, sémiotique et artistique. L’objectif de ce colloque est d’interroger plus avant les « formes romantiques » (Cahen-Maurel) du monde artistique afin de montrer comment les arts contemporains se nourrissent des différents romantismes pour faire valoir ou (re)mettre sur le devant de la scène une œuvre méconnue, pour créer un univers spécifique (fantastique, grotesque, merveilleux, onirique, gothique…) ou réaffirmer le sentiment d’un paradis perdu, l’importance de l’enfance, du rêve, de l’intime, ou pour questionner notre rapport au monde environnant. Si de nombreux artistes à présent s’attachent à convoquer la nature dans leurs œuvres, il faudra s’interroger sur le déplacement des affects et des attentions qui s’opère à l’ère de l’anthropocène. Avant tout, il ne s’agit plus simplement de contempler avec distance une nature mystérieuse mais de placer l’humain en son sein et d’être attentif aux interactions entre l’homme et l’environnement. L’exploration du rapport de l’humain et de la nature au sein d’œuvres contemporaines marquent ainsi une césure avec le romantisme, car il ne s’agit plus de projeter sur elle nos propres sentiments. Cependant, est-il possible d’y échapper complètement ? De même, il semble difficile, voire contre-productif, d’essayer de rompre avec toute forme d’anthropomorphisation. Enfin, nous souhaitons que ce colloque soit l’occasion de nous interroger sur la manière dont les théories de l’anthropocène mobilisent actuellement l’esthétique du sublime au sein des arts scéniques et plastiques.

Les communications, centrées sur les œuvres des arts scéniques et des arts plastiques ou visuels contemporains, pourront ainsi investir les nombreux thèmes qui ont constitué les marqueurs de ce romantisme pluriel. Pourront par exemple être interrogés:

  • –  l’activité créatrice conçue comme reflet de l’intériorité et de l’inconscient
  • –  le rapport du “Moi” au Monde et à la Nature
  • –  La réappropriation des concepts esthétiques du romantisme (grotesque, fantastique,

    gothique) et leurs formes contemporaines (le trash ? le kitch ?)

  • –  La mission “politique” de l’art dans sa capacité à s’emparer de l’Histoire, à agir

    comme une force révolutionnaire susceptible d’éveiller les consciences, à promouvoir un désordre générateur d’un horizon prométhéen, à fédérer par l’expérience d’une émotion partagée…

    Les propositions de communication ainsi qu’une brève note biobibliographique sont à envoyer à Ingrid LACHENY (ingrid.lacheny@univ-lorraine.fr), Roxane MARTIN (roxane.martin@univ-lorraine.fr), Susanne MÜLLER (susanne.muller@univ-lorraine.fr) et Marie URBAN (marie.urban@univ-lorraine.fr) d’ici le 16/12/2024.

    Durée des communications : 30 minutes + 15 minutes de discussion Comité d’organisation

    Ingrid LACHENY (MCR-HDR en Études germaniques)
    Roxane MARTIN (PR en Histoire et esthétique du théâtre) Susanne MÜLLER (MCF en Arts plastiques et sciences de l’art) Marie URBAN (MCF en Études théâtrales)

    Comité scientifique

    Olivier GOETZ (PR en Études théâtrales à l’Université de Lorraine) Hilda INDERWILDI (PR Études germaniques à l’Université de Bourgogne) Sylvie LE MOËL (PR en Études germaniques à Sorbonne Université) Aurélie MICHEL (MCF en Arts plastiques à l’Université de Lorraine) Isabelle MOINDROT (PR en Études théâtrales à l’Université Paris 8)

    Orientations bibliographiques

    ASTRUC Remi, Le renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle, Paris, Garnier, 2010. ARASSE Daniel, Histoires de peintures, Paris, Denoël, 2004.
    ARDENNE Paul, Un art écologique. Création plasticienne et anthropocène, Bruxelles, Éditions

    Le Bord de l’eau, 2019.
    BARTSCH Annika, Romantik um 2000. Zur Reaktualisierung eines Modells in

    deutschsprachigen Romanen der Gegenwart, Heidelberg, Winter, 2019.
    BATE Jonathan, Romantic Ecology: Wordsworth and the Environmental Tradition, London,

    Routledge, 1991.
    BÉGUIN, Albert, L’âme romantique et le rêve. Essai sur le romantisme allemand et la poésie

    française, Paris, J. Corti, 1939.

CAHEN-MAUREL Laure, FEUILLEBOIS Victoire et MEES Martin (dirs), Les formes romantiques de la vie. Poétisations de l’existence dans le romantisme européen, Paris, Hermann, 2019.

COLLOT Michel, Paysage et poésie du romantisme à nos jours, Paris, José Corti, 2005.
COUPE Laurence (dir.), The Green Studies Reader. From Romanticism to Ecocriticism, London

& New York, Routledge, 2000.
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Gallimard, 1990.
FABRE Côme, KRÄMER Felix (dir.), L’ange du bizarre : le romantisme noir de Goya à Max

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FRESSOZ Jean-Baptiste, « L’anthropocène et l’esthétique du sublime », mouvements des idées et des luttes, 16 septembre 2016, en ligne [https://mouvements.info/sublime-anthropocene/].

GUENIN Hélène (dir.), Sublime : les tremblements du monde [expositions, Metz, Centre Pompidou-Metz, 11 février-5 septembre 2016], Metz, Centre Pompidou-Metz, 2016.

GIROUD Jean-Claude et PANIER Louis (dirs), Analyse sémiotique des textes. Introduction, théorie, pratique, Lyon, PUL, 1979.

GOSSEREZ Laurence : « Le phénix antique au miroir de la littérature française des XVIIe et XIXe siècles », La Réserve (2013).

GUSDORF, Georges, Le Romantisme, Paris, Payot, 1993, 2 vol.
JANSSEN Johannes et PADBERG Martina (dirs), Im Schein des Unendlichen. Romantik und

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JIMENEZ, Marc, Qu’est-ce que l’esthétique ?, Gallimard, 1997.
LARRUE Jean-Marc (dir.), Théâtre et intermédialité, Villeneuve-d’Ascq, Septentrion, 2015. LATOUR Bruno, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, La Découverte, Paris, 2017.
LE BLANC Charles, MARGANTIN Jean-Charles et SCHEFER Olivier, La forme poétique du monde.

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MILLET, Claude, Le Romantisme, Paris, Le Livre de Poche, 2007.
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Paris-musées, Musée de la vie romantique, 2020.
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RANCIÈRE Jacques, Le temps du paysage. Aux origines de la révolution esthétique, Paris, La Fabrique, 2020.

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ROUSSEAU Pascal (dir.), « Cultures visuelles du XIXe siècle », Romantisme, 187, 2020. SOURIAU Étienne, La correspondance des arts, éléments d’esthétique comparée, Paris,

Flammarion, 1969.
SERMON, Julie, Morts ou vif. Pour une écologie des arts vivants, Paris, B42, 2021. ZASK Joëlle, Écologie et démocratie, Paris, Premier Parallèle, 2022.

Appel à contributions, congrès de l’AGES 2025: “Lire les territoires: explorations germanophones de l’espace et de ses dynamiques”, Amiens, 5.06.2025-7.06.2025

Université de Picardie Jules Verne, avec la collaboration de la Technische Universität de Dortmund

Les propositions – titre de travail et présentation (entre 250 et 350 mots) – en allemand ou en français, sont à envoyer par mail avant le lundi 16 septembre 2024 à l’adresse ages2025@u-picardie.fr. La durée envisagée des communications est de 20 à 25 minutes.

appel à communications (français)

appel à communications (allemand)

La question de la perception de l’espace, mais aussi des espaces de perception, se pose de façon singulière au sein de l’espace germanique. Encore aujourd’hui formé d’une pluralité de territoires, il a constitué dans le passé une mosaïque de gouvernements, de peuples, de langues et de coutumes particularistes, elle-même issue d’un Empire franc au caractère hybride, qui mêlait les composantes germaniques et gallo-romaines. À la fin du XIXe et au XXe siècle, les projets inspirés par le concept social-darwinien d’espace vital (Lebensraum) contribuèrent au déclenchement des deux conflits mondiaux, dont les conséquences néfastes restent sensibles jusqu’à aujourd’hui. La production savante et artistique de langue allemande reflète la permanence de l’interrogation sur l’espace et le territoire, en même temps que ses nombreuses ramifications thématiques.

Aller à la rencontre d’autres aires, présumées inconnues ou déjà répertoriées, en faire l’étude et la description, paraissait souvent s’inscrire dans une démarche de déchiffrement, de décryptage, de décodage : les terres appréhendées furent aussi des zones à décloisonner, à intégrer à des projets globaux (d’évangélisation, de circulation des idées et des techniques, d’efficacité économique, de rationalisation écologique). La rencontre (parfois virtuelle) avec les lieux connus et inconnus a pu motiver des pérégrinations savantes, autant qu’elle a pu servir de prétexte à un nomadisme dilettante ; elle a favorisé l’accumulation des connaissances ainsi que la satisfaction de convoitises matérielles. Aussi l’exploration réelle ou figurée des territoires a-t-elle donné lieu, depuis les sources anciennes et jusqu’aux récits actuels, à des réflexions stimulantes sur la compréhension (ou l’incompréhension) de notre environnement dans son évolution, et sur les outils théoriques qui la modèlent. Les interrogations récurrentes sur l’ailleurs et sur l’ici- même, et sur les dynamiques de circulation qui travaillent les territoires, forment certainement l’une des grandes sources d’inspiration de l’écriture tant érudite que créative. Les réflexions liées au territoire et à la territorialisation sont aussi d’actualité dans le contexte des questions environnementales et des conflits de compétences entre les régions (Länder, cantons) et l’État fédéral dans l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse d’aujourd’hui.

La germanistique s’attache depuis longtemps à ressaisir les enjeux liés à l’espace et à ses dynamiques à travers des approches spécifiques en littérature, en histoire des idées, en civilisation, en linguistique, en didactique. L’essor de champs de recherche interdisciplinaires et transaréaux comme les transferts culturels, les cultural studies, les postcolonial studies ou encore les urban studies, pour ne citer que ceux qui affectent le plus directement notre perception de l’espace, a renouvelé en profondeur ces terrains d’investigation, au gré des « tournants » qui se sont succédé dans les sciences humaines et sociales depuis les années 1980 ; et l’on pense ici en particulier au spatial turn avec ses réflexions d’abord en géographie, sur la polysémie des notions de lieu – place –, d’espace – space – et de paysage – landscape – adossées à des interrogations sur la pertinence du concept de région. Ces questionnements appellent des mises en perspective multiscalaires et décentrées, aussi bien en termes de synchronie (approches [trans-]aréales, régionales, transfrontalières) que de diachronie (histoire croisée, notions d’espace mémoriel et de mémoire multidirectionnelle), de systèmes (réseaux, nœuds, hiérarchies) et de configurations

(centre-périphérie, arborescence-rhizome).

Au sens propre, la thématique « lire les territoires » invite à préciser la cartographie littéraire et utilitaire des lieux et à observer selon quelles modalités, hier comme aujourd’hui, les territoires ont été vus et appréhendés. On pense ici aux instruments du savoir, aux supports et aux outils utilisés pour la connaissance du « terrain » (encyclopédies, histoires, cartes et atlas géographiques, revues, films et documentation visuelle, blogs et sites spécialisés, sources numériques).
Au sens figuré, on se demandera comment l’espace se construit comme un objet mental, culturel et social, dans une démarche pouvant allier la connaissance du réel à l’imagination de cette réalité, sans exclure l’appropriation d’un savoir théorique ou empirique. Le champ des questionnements couvre notamment les cartes mentales, l’invention de grilles de lecture des espaces (« l’Europe orientale » au siècle des Lumières, les « Balkans » d’abord byzantins, puis ottomans, ensuite autrichiens et enfin yougoslaves, avec un intermède national-socialiste), la fabrique des espaces de sociabilité ou des espaces de non-droit, que ce soit dans le monde du travail, dans les espaces naturels (Bannleuca – banlieue – Bannmeile ; no man’s land/Niemandsland) ou dans les rapports sociaux et de genre.

Dans le domaine littéraire, la question du rapport entre géographie réelle et géographie imaginée revêt un sens particulier du fait du brouillage des frontières génériques entre fiction et historiographie. Cette question fluctue au gré des époques envisagées, mais jusqu’au 18e siècle, le recours à l’autorité des sources doit suffire à cautionner l’authenticité de la représentation donnée des territoires dans l’espace textuel. Dans ce processus qui mêle expérience et invention de l’espace (Ihring et Rimpau 2015), la construction géographique est intimement liée à la constitution d’un savoir encyclopédique, mais aussi à un processus mêlé de fascination, d’appropriation et d’exclusion.

Pour l’époque médiévale, l’exploration littéraire des territoires «autres» que représente l’Orient, objet tout à la fois de fascination, d’appropriation et d’exclusion, pourra constituer un champ d’analyse privilégié, tout comme la littérature viatique du Moyen Âge et des débuts de la Première Modernité. Pour la littérature moderne et contemporaine, on s’interrogera notamment sur la diversité des formes d’expression relatives aux descriptions des espaces : l’écriture poétique qui se déploie dans les fictions de voyage, la réception de la Grande Guerre, la (non-)représentation de l’horreur produite entre 1933 et 1945 au cœur même de la civilisation européenne, des déplacements forcés des années 1930 et 1940, les langages littéraires employés par les « Allemands de statut » que le gouvernement de la RFA avait littéralement « rachetés » aux régimes communistes pendant la Guerre Froide, l’esthétique des récits de transhumances humaines et de migrations, qui interrogent le territoire dans sa dimension juridique et dans ses frontières. On pourra réfléchir à l’ampleur croissante des phénomènes de trans- et d’extraterritorialité, tant au niveau de la production des textes que des réseaux de circulation, de traduction et de réception, et aux conséquences de ce saut d’échelle pour les études littéraires en général, et pour l’historiographie littéraire en particulier : l’histoire de la littérature germanophone ne peut-elle plus être désormais que « mondiale » (Richter 2017) ? L’internationalisation du champ littéraire (Moretti 2000, Casanova 2008) prend aussi une nouvelle dimension avec l’émergence de catégories de textes d’emblée « transnationaux » (Taberner 2017), reflets directs de la globalisation politique, économique et sociale, identifiées par la communauté scientifique comme des littératures du déplacement (Migrationsliteratur, Flüchtlingsliteratur) ou de l’entre-deux (« littérature interculturelle », « transculturelle », « sans domicile fixe »…). D’autre part, on peut se demander si la spatialisation croissante des approches de l’objet littéraire, que traduit la fortune critique dans ce champ de concepts comme « hétérotopie » (Foucault), « déterritorialisation » (Deleuze/Guattari), « tiers espace » (Bhabha) ou encore «ethnoscape» (Appadurai), ne conduit pas paradoxalement à une forme d’oblitération du territoire dans sa matérialité.

Dans le domaine de la civilisation s’ouvrent de nombreux questionnements, liés à l’interprétation de l’espace dans ses strates historiques et culturelles, et à la reconfiguration du territoire comme un espace de projection idéelle sous l’effet de débats sociaux et politiques. Au

croisement entre littérature et civilisation, on pourra étudier comment, à partir de la Première Modernité, les auteurs de textes fictionnels ou leurs éditeurs ont pu intégrer des cartes géographiques en lien avec les lieux décrits par la littérature (Chartier 2022). Concernant le rapport textes / cartes géographiques et images, on pourrait mentionner les cartes médiévales en TO (à l’exemple de la carte d’Ebstorf) ; la réalisation de cartes illustrées qui favorisent la catégorisation culturelle des espaces (Johann Baptist Homann), ou encore les panoramas de l’Empire autrichien (Jakob et Rudolf von Alt sur commande de l’empereur Ferdinand 1er). Dans une perspective intermédiale, on pourra analyser dans quelle mesure la documentation en image des territoires contribue à redessiner la géographie imaginée dans l’espace textuel, et comment la photographie et les techniques de reproduction modernes ont modifié les approches.

L’exploration des territoires est au cœur de la littérature de voyage, des approches ethnographiques et des traités naturalistes et écologiques. En prenant appui sur les acquis de la recherche sur les transferts culturels, on pourra interroger les phénomènes de circulation, d’appropriation et de rejet. Les textes produits dans/sur les territoires occupés en temps de guerre rendent compte des approches idéologiques, et d’une spatialité faite d’interdits, de zones condamnées, et d’espace de repli, tandis que naissent et disparaissent certains espaces. La problématique de la « reterritorialisation » dans le contexte des débats actuels sur la restitution des biens spoliés pendant la colonisation et des recherches sur leur provenance pose la question des modalités de la réinsertion spatiale des objets (après restitution) et revêt une dimension à la fois pratique et philosophique.Il faudrait inclure aussi l’étude des communautés germanophones (ou d’ascendance germanophone) sur d’autres territoires, en incluant les migrations transcontinentales (Amériques, Russie, Israël…). La présence de territoires et de populations germanophones hors des frontières politiques de l’Empire est un phénomène ancien, qui accompagne sa fondation. La visibilité croissante de cette « germanophonie hors les murs » dans la recherche dénote ou induit un changement de perspective sur les contours de ce qu’on appelait jusqu’ici le « monde germanique ».

Le domaine de la linguistique pourra tout particulièrement contribuer à interroger le rapport entre langue et territoire au sein des études germaniques, dont l’objet se définit par un critère tant linguistique que géographique : l’espace germanophone. Un espace pourtant rien moins que monolingue, où s’inscrivent des langues diverses (romani, sorbe, danois, tchèque, slovène, arabe, turc…) et variées (dialectes, sociolectes…). La linguistique variationnelle (Variationslinguistik ou Varietätenlinguistik, voir Dürscheid et Schneider 2019) a mis en évidence l’hétérogénéité fondamentale des langues naturelles conçues comme un diasystème (Weinreich) où se déclinent et se superposent les variations diatopiques, diaphasiques et diastratiques (Coseriu). Ainsi, il est possible d’appréhender la langue comme une manière de situer précisément le locuteur dans un lieu physique, historique et social qui lui est propre. Les débats autour du caractère pluricentrique ou pluriaréal (Plurizentrizität vs. Pluriarialität) de l’allemand rappellent aussi que le rapport entre langue et territoire conserve une dimension éminemment politique. Enfin, la lecture du territoire par la langue peut être abordée sous l’angle de la linguistique perceptive, afin de prendre en compte les jugements spontanés formés par les locuteurs sur les différents accents et dialectes et ainsi que leur conscience des variétés linguistiques. L’étude des contacts linguistiques de l’allemand avec les autres langues implantées sur le territoire des pays germanophones, de même qu’avec les langues des pays ayant connu la colonisation allemande ou l’immigration de populations germanophones (projets NamDeutsch et Israel-Korpus), remet également en question la vision d’un espace uniforme et eurocentré, tout en montrant comment la langue est à la fois mobile, transportable, et indissociable des lieux, des contextes et des rapports sociaux où elle se parle. Le contexte migratoire en particulier

pose la question de l’acquisition d’une langue seconde, qui s’impose dans l’ici, par rapport à une langue d’héritage « déterritorialisée », renvoyée à l’ailleurs.
La langue donne à lire le territoire, mais le territoire se lit aussi dans la langue : des études lexicologiques, lexicographiques et sémantiques à partir notamment de l’analyse du discours, de la linguistique cognitive et des grammaires de construction peuvent éclairer la notion même d’espace telle qu’elle trouve à s’exprimer en allemand (De Knop 2020). L’histoire de concepts- clés comme Raum, Heimat, Europa, Grenze etc. peut même permettre de jeter des ponts entre les différents domaines des études germaniques en combinant l’approche linguistique avec l’étude de la civilisation et de la littérature.

Bibliographie

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Bhabha, Homi K., The Location of Culture, London and New York, Routledge, 1994.

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Chartier, Roger, Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Éditions du Collège de France, 2022.

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Bauer, Matthias ; Nies, Martin ; Theele, Ivo (Hg.), Grenzübergänge: Zur ästhetischen Darstellung von

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Döring, Jörg ; Thielman, Tristan (Hg.), Spatial Turn. Das Raum Paradigma in den Kultur- und

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Foucault, Michel, « Des espaces autres », Conférence au Cercle d’études architecturales, 14

mars 1967, Architecture, Mouvement, Continuité, n°5 (1984), p. 46-49.

Lassalle, Didier; Weissmann, Dirk (dir.), Ex(tra)territorial: les territoires littéraires, culturels et linguistiques en question / Reassessing Territory in Literature, Culture and Languages, Amsterdam, New York, Rodopi, coll. « IFAVL », 2014.

Lüsebrink, Hans-Jürgen (Hg.), Das Europa der Aufklärung und die außereuropäische koloniale Welt, Göttingen, Wallstein, 2006.

Meyer, Christine (dir.), Kosmopolitische Germanophonie. Postnationale Perspektiven deutschsprachiger Gegenwartsliteratur, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2012.

Miard-Delacroix, Hélène, Question nationale allemande et nationalisme : perceptions françaises d’une problématique allemande au début des années cinquante, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019.

Moretti, Franco, « Conjectures on World Literature », New Left Review, vol. 1, 2000, p. 54-68. Richter, Sandra, Eine Weltgeschichte der deutschsprachigen Literatur, München, Bertelmann Verlag, 2017.

Savoy, Bénédicte, À qui appartient la beauté ? (avec la collaboration de Jeanne Pham Tran), Paris, La Découverte, 2024.

Taberner, Stuart, Transnationalism and German-Language Literature in the Twenty-First Century, London/New York, Palgrave Macmillan, 2017.

Comité d’organisation

Christine Meyer – Herta Luise Ott – Ludolf Pelizaeus – Anne Sommerlat – Marie-Sophie Winter

Comité scientifique

Evelyne Jacquelin (Université d’Artois), Gudrun König (TU Dortmund), Oxane Leingang (TU Dortmund), Sandra Richter (Deutsches Literaturarchiv Marbach), Mathias Herweg (Karlsruher Institut für Technologie), Johann Georg Lughofer (Univerza v Ljubljani), Klaus Schenk (TU Dortmund), Christian Zimmer (TU Dortmund)

Enquête du MAE allemand sur le situation de l’apprentissage de l’allemand dans l’enseignement supérieur francais

Tous les 5 ans, le ministère des Affaires étrangères allemand mène une enquête sur le situation de l’apprentissage de l’allemand dans le monde (et, dans notre cas, en France). Notre bureau, le DAAD France, est chargé de réunir les données portant sur l’enseignement supérieur en France. L’AGES nous avait déjà apporté une aide précieuse lors des enquêtes précédentes, la dernière ayant été effectuée en 2019, puis publiée en 2020, ses résultats sont toujours en ligne : https://www.auswaertiges-amt.de/en/aussenpolitik/themen/-/2347098.

Voici un sondage qui vous permettra de donner les informations concernant votre université :

https://www.daad.de/surveys/842836?lang=de

Le DAAD nous demande ces informations avant la fin juillet

Hommage à Marianne Franchéo

Née en 1939, Marianne Franchéo a fait des études de Romanistik et Anglistik à l’université de Heidelberg, passé son Staatsexamen et enseigné au lycée en Allemagne pendant quelques années. Son rêve était de partir à l’étranger pour découvrir le monde, ce qui ce qui la conduisit in fine à l’Ecole normale supérieure de Fontenay en tant que lectrice en 1969. Elle y devint maître de conférences en 1988, après la soutenance de sa thèse.

Dans les années 1980/1990, elle avait consacré ses recherches de civilisationniste à l’histoire des femmes et du genre, à l’interface entre étude des corpus juridiques, analyse des réalités sociales et exploration des discours, des normes linguistiques et des représentations. Elle était titulaire d’une thèse de doctorat de 3e cycle en études germaniques sur La Femme allemande au XIXe siècle, statut juridique et condition sociale (Paris 4), qui s’appuyait entre autres sur des comparaisons entre droit prussien, Code Napoléon et Code civil du Royaume de Saxe. Proche des historiennes germanistes Rita Thalmann et Marie-Claire Hoock-Demarle (Paris 7 Denis-Diderot), elle avait participé aux travaux du séminaire pionnier « Sexe et Race » de la première (avec, notamment, un article sur les débats juridiques dans l’Allemagne du XIXe siècle et leurs effets sur le statut des femmes, 1992) et publié une étude sur les Allemandes révolutionnaires émigrées après 1848/1849 dans un ouvrage collectif de la seconde (Femmes, nations, Europe, 1995). Directrice d’une publication aux presses de l’ENS de Fontenay-aux-Roses intitulée Langage et pouvoir en interaction. Étude de quelques exemples (1995), Marianne Franchéo y avait elle-même étudié la mise en scène du rôle des sexes dans le code civil bavarois, mais elle avait aussi permis, en coordonnant l’ensemble, à de jeunes doctorantes et doctorants de l’ENS d’y présenter leurs travaux en cours d’élaboration sur divers sujets et périodes. Car elle était avant tout soucieuse, aussi bien à travers ses enseignements que par ses encouragements et ses conseils, de passer le flambeau à une jeune génération de germanistes qui se souviennent avec émotion de la confiance qu’elle leur témoignait.

Jusqu’à sa retraite en 2003, elle a formé des générations de jeunes femmes, puis aussi de jeunes hommes. Toutes et tous ont bénéficié de ses méthodes alors très modernes avec utilisation du laboratoire de langue et de la vidéo et se souviennent avec reconnaissance de ses cours de thème allemand qui les préparaient excellement à l’agrégation. Car Marianne Franchéo avait la passion de la langue, des langues et de l’ouverture sur autrui qu’elles permettent.

Retirée ensuite dans son village du Lot, elle organisait des soirées mensuelles autour d’un mot ou d’un champ lexical envisagés dans diverses langues. Y étaient conviés des voisins venus de tous les horizons linguistiques, chacun devant apporter sa contribution dans sa langue maternelle. En hiver, elle partait chaque année plusieurs mois en voyage, la plupart du temps en Asie. En tant que membre du réseau SERVAS, elle pouvait être accueillie partout dans le monde et de nombreux membres de l’association, venus des quatre coins de l’horizon, ont pu bénéficier de son hospitalité – tous comme ses anciens élèves, qu’elle recevait toujours avec grand plaisir.

Marianne Franchéo restera dans nos mémoires comme enseignante de premier plan et personnalité d’une très grande humanité qui a toujours eu à cœur d’écouter, d’encourager et de mettre en relation.

 

Texte rédigé par Corinne Bouillot, Anne-Marie Pailhès et d’autres élèves des années 1980.

Prix Geneviève Bianquis de l’AGES 2024 décerné à Fiona O’Donnell

Le prix Geneviève Bianquis de l’AGES est un prix d’aide à la mobilité pour des étudiant.e.s préparant une thèse relevant des études germaniques. Le prix est doté de 1500 euros.

Fiona O’Donnell prépare une thèse intitulée, “Le grotesque sur les scènes contemporaines allemandes”, en cotutelle entre l’université Toulouse Jean Jaurès (Hilda Inderwildi) et Isabella von Treskow (Ratisbonne).

Félicitations à la lauréate et tous nos voeux de succès pour la suite!

 

Prix Pierre Grappin de l’AGES 2024 décerné à Damien Accoulon

Lors de l’assemblée générale de l’AGES du 28 juin 2024, le prix Pierre Grappin de l’AGES a été décerné à M. Damien Accoulon pour son mémoire de thèse “Les ailes de la gloire. Les “As” de l’aviation dans les sociétés allemande et française (1914-1939)”, préparé sous la direction conjointe de la professeure Annette Becker (université Paris Nanterre) et du professeur Christian Kehrt (université technique de Braunschweig) et soutenu le 9 décembre 2023.

Le prix Pierre Grappin est doté d’une aide à la publication d’un montant de 3000 euros.

Toutes  nos félicitations au lauréat!

Élection du nouveau bureau

Lors de l’assemblée générale de l’AGES du vendredi 28 juin 2024 ont été élus les membres du nouveau bureau par 62 voix pour et 4 abstentions :

Sonia Goldblum, présidente

Daniel Meyer et Stéphanie Roussel, vice-président.e.s

Dominique Dias, trésorier

Stéphanie Chapuis-Després et Alexis Tautou, secrétaires général.e.s

Nous leur souhaitons beaucoup de succès dans l’exercice de leur mandat et les remercions pour leur engagement.

 

Annonce de parution, Germanica n° 74: Avant-garde et création littéraire dans l’espace germanophone de 1945 à nos jours (coordonné par Irène Cagneau)

Ce volume propose d’interroger et de mettre à l’épreuve la notion d’avant-garde dans la littérature germanophone de 1945 à nos jours. L’entreprise est complexe dans la mesure où, à quelques exceptions près, l’avant-garde ne se définit pas, à cette période, par des groupes constitués qui se mettent en scène et s’exposent dans des manifestes programmatiques, mais plutôt par des pratiques et des expériences, souvent individuelles, parfois collectives, disséminées dans l’ensemble de l’espace germanophone. Leurs principales caractéristiques sont la transgression des normes et des genres, la radicalité, l’hybridité, la matérialité de la littérature, les actions performatives (happenings, performances, installations visuelles et sonores, etc. ) et le démantèlement, sinon l’effacement, des structures sémantiques traditionnelles. À travers l’étude de parcours individuels (Friederike Mayröcker, Hans Rudolf Hilty, Ludwig Harig, Julian Schutting), de revues (Merkur, Das goldene Tor, Hochland, hortulus, Die Schwarze Botin, Entwerter/Oder, A3), de groupes (l’Aktionsgruppe Banat en Roumanie) ou de pratiques d’écriture telles que l’erasure poetry, l’analyse doit contribuer à une réflexion critique non seulement sur la notion d’avant-garde et son utilisation, mais aussi sur l’adhésion ou le rejet qu’elle implique.